- Ça c'est MARCEL
Publié le 27/09/2019 - 8 minutes de lecture
Partir à la débrouille pour découvrir le monde et… se sentir vivre tout simplement.
Ce rêve qui attire beaucoup de gens, Amandine est en train de le réaliser.
Amandine est journaliste free-lance, originaire de Haute-Loire et elle a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
Salut Amandine, qui es-tu et quelle est cette aventure folle que tu es en train de vivre ?
Hello ! Je m’appelle Amandine, j’ai 28 ans, un pied à Paris et le cœur au Puy.
Il y a presque un an, mon copain Clément et moi avons décidé de quitter notre appart, notre boulot et notre vie à Paris pour retaper un van et voyager avec. Nous sommes partis du Puy en novembre, et depuis, nous avons traversé le Maroc, le sud de l’Europe et la Turquie.
Où es-tu en ce moment ?
En Géorgie, dans les montagnes du Caucase, près de la frontière russe. Ça fait bientôt trois semaines qu’on voyage dans le pays, on profite de la fin de l’été pour randonner avant d’aller plus au sud.
Quel a été le déclic pour te lancer dans une aventure pareille ?
J’ai réfléchi longtemps à ce projet, à vrai dire. Avec Clément, on est déjà partis il y a trois ans en Amérique du Sud pour quelques mois, mais on a du rentrer en France car du boulot nous attendait. Une fois à Paris, on s’est promis que la prochaine fois qu’on partait en voyage, on lâchait tout, sans date de retour. Et nous voilà !
Quel est le parcours que vous avez imaginé ?
L’idée était de partir de France et suivre la route de la Soie jusqu’au Népal, sans avion. On a longé la Méditerranée en van, depuis le Pays Basque en passant par le Maroc, l’Italie, les Balkans, jusqu’en Grèce. Là, on a décidé de poursuive le voyage à pieds, car les passages de frontières à partir de l’Iran sont parfois compliqués et surtout coûteux avec un véhicule. Le van reste au chaud dans un gardiennage en Grèce, et nous, on continue en sac à dos.
Tu peux nous décrire ta journée jusqu’à maintenant ?
Imprévisible. Je me suis réveillée sous la tente au milieu des montagnes au nord de la Géorgie, puis j’ai randonné toute la matinée dans une vallée. En chemin, on a rencontré un couple de Californiens avec qui on a fait du stop pour rejoindre un autre village. Un Géorgien adorable nous a pris avec lui et a tenu à s’arrêter tous les kilomètres pour boire des bières et goûter la chacha, la gnôle locale. Six heures pour faire 40 bornes. Et ce soir, il nous héberge.
Comment vous faites financièrement pour le quotidien ?
On ne touche pas d’argent, et on ne travaille pas depuis notre départ. On a économisé pendant près de trois ans, ce qui nous a permis d’acheter le van et d’assurer les dépenses quotidiennes. Mais on fait en sorte de voyager pas cher : un peu de stop, du couchsurfing, on cuisine ou on mange sur les marchés… De la débrouille.
Comment ça se passe, la vie en sac à dos ?
C’est moins de confort qu’en van, c’est sûr… Mais l’avantage, c’est de rencontrer beaucoup plus de monde. Que ce soit en stop, en couchsurfing ou en auberge, t’es obligée d’aller vers l’autre. Et ça mène toujours à des situations improbables, des soirées avec des voyageurs du monde entier, des invitations à dormir chez les gens, cuisiner chez eux… C’est parfois la galère, mais c’est toujours une belle aventure.
Les photos que vous postez sur votre blog nous font rêver, quel est (jusqu’à présent) ton meilleur souvenir de ce voyage ?
Il y en a tellement… Mais j’ai un très bon souvenir au Maroc, à Tifnit, un petit village de pêcheurs dans lequel on a atterri un peu par hasard. En passant à Bayonne, on a rencontré les membres d’une asso qui aide les clubs de surf marocains en leur faisant parvenir du matériel. Comme on voyageait en van, on a accepté d’apporter des planches et des combis de l’association à deux clubs au Maroc. En arrivant à Tifnit, on a été accueillis comme des rois. Si bien qu’on a décidé de rester quelques jours dans ce village sans touristes, à apprendre à surfer avec les membres du club, manger du poisson grillé et jouer de la musique tous les soirs… J’ai failli ne jamais repartir.
Grâce à votre blog, on peut suivre vos péripéties (et on adore). Peux-tu nous raconter un moment vraiment incroyable qu’il vous est arrivé pendant ce voyage ?
Toujours au Maroc, on s’est retrouvés à dormir dans une caserne de militaires. Ça faisait déjà trois semaines qu’on voyageait au Maroc, et comme on commençait à avoir un peu les codes, on discute avec les habitants d’un village près de Fès pour pouvoir dormir sur la place principale, dans le van. Mais comme il n’y a jamais de touristes dans ce coin, sans le vouloir, on a rameuté tout le village autour du camion… Jusqu’à la police et les militaires, qui ont tenu à nous escorter dans leur QG, de peur qu’il nous arrive quelque chose. Il faut savoir que trois semaines plus tôt, deux Scandinaves s’étaient faites tuées dans l’Atlas… Alors on obéit gentiment. C’est comme ça qu’on s’est retrouvés à cuisiner un tajine avec l’équivalent du préfet, sur des chaises en plastique devant la caserne. Le lendemain, on a repris la route avec en cadeau du pain, des olives, de l’huile, et une jolie photo.
Fais-nous rêver, c’est quoi la suite de votre voyage ?
Dans quelques jours, on prend un train pour l’Arménie. Ce sera un passage express avant de rejoindre l’Iran, où on prévoit de passer un mois. Ensuite, on part pour l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tajikistan, avant de descendre vers l’Inde.
Une date de retour ?
Plus ou moins… On réfléchit à rentrer en début d’année prochaine, sans savoir exactement quand. On aimerait passer quelques semaines en Inde entre décembre et janvier. Ensuite… On verra !
Qu’est-ce qui te manque le plus de la France et de ton confort ?
Le fromage ! Le manque de confort, c’est rien à côté du vide laissé par un bon bleu d’Auvergne… Mais surtout, les amis et la famille. La plupart de nos proches fêtent leur 30 ans, se pacsent, achètent des maisons ou des apparts… Même si c’est génial de voyager, on aimerait bien revoir les gens qu’on aime et vivre ces moments importants de leur vie avec eux.
Tu as prévu quoi à ton retour ?
Excellente question ! J’ai mille projets et rien de concret à la fois. Je ne pense pas me réinstaller à Paris, alors je réfléchis à un endroit où poser mes valises. J’hésite à reprendre le journalisme en free-lance, me lancer dans la photo, ou entreprendre quelque chose de complètement différent, comme retaper des vans et les aménager, par exemple… Le grand écart, quoi.
Peux-tu nous résumer ton voyage en un seul mot ?
Haha ! Impossible.
Un conseil pour celles et ceux qui rêvent de passer le cap et de partir à l’aventure ?
De se lancer ! Souvent, quand je parle de mon voyage, on me dit « c’est bien beau mais ça coûte cher, et c’est dangereux ». Aucun des deux n’est vrai : je dépense trois fois moins en voyage qu’en vivant à Paris. En économisant quelques temps, c’est tout à fait possible. Pour ce qui est du danger, au cours de mes voyages, j’ai toujours été accueillie à bras ouverts. J’ai dormi chez des gens, sous la tente en pleine nature, dans le van en ville, fait du stop, sans jamais avoir de problème. Bien sûr, le risque zéro n’existe pas. Mais partout où vous irez, vous trouverez toujours quelqu’un pour vous filer un coup de main.
Et pour finir, l’acrostiche MARCEL de SACORAMA ?
Mille bornes. À moins que ce ne soit dix mille ?
Autostop
Rarement à l’heure
Chaleureusement accueillis, partout
En prendre plein la vue, tout le temps
Lâche ton job et fais pareil !