Publié le 24/09/2020 - 3 minutes de lecture

Chaque mois, je vous propose de découvrir l’origine et le sens de certaines expressions ou mots étranges encore courants dans notre vocabulaire. Arts de la table, commerce, justice, finance, architecture, monde animal, militaire et monde du jeu, autant d’univers qui ont forgé de nombreuses expressions, utilisées aujourd’hui de manière parfois totalement décalée de leur sens d’origine !

Retrouvez toutes ses chroniques par ici ! 

Septembre : « Jeu, tu, il… » (2/2)

Ah la rentrée ! La rentrée et son cortège de nouvelles résolutions : faire du sport, moins de réseaux sociaux, plus de ballades nature, plus de restos entre amis, plus de sorties culturelles… Sauf à être faux-jeton, personne ne peut se targuer de tenir toutes ces résolutions : miser sur tous les tableaux n’est pas donné à tout le monde! À part ceux qui sont pleins aux as, nous n’avons pas tous les moyens de nous offrir des loisirs permanents ! Car pour beaucoup d’entre nous, financièrement, les dés sont pipés, ma bonne dame !

En cette chronique de rentrée, retour sur toutes ces expressions liées… au jeu !

Être plein aux as

Les petits mots sont souvent les plus riches en histoire (rappelez vous le ban de la chronique de juin) ! Alea, en latin, c’est les dés (dans la fameuse expression « alea jacta est »), az-zahr, en arabe, veut dire « jeu de dés ». La traduction n’est pas nécessaire…

L’as, en français médiéval, c’est la face du dé au point unique. En latin, as désigne la petite pièce de cuivre la plus faible en valeur. Des dés, l’as est passé aux cartes, où il avait d’abord la plus petite valeur. Et puis, –  mesquinerie du peuple vis à vis des têtes couronnées? – , il en est venu à être la carte la plus forte, battant même les rois et les dames ! Être aux as, au XIXe siècle, c’est avoir de la chance car on a plusieurs as dans sa main. Être plein au as est apparu ensuite, inspiré sans doute du coup de poker « full aux as » qui apporte un maximum de gain !

Les dés sont pipés

Bon, je vous l’accorde, trouver des dés dans des pipes à tabac n’est pas très courant. Et tant mieux, car l’expression n’a rien à voir avec le célèbre tableau de Magritte…

Le « pipés » qu’on lit ici est du même tonneau que le pipeau, le petit instrument à vent, ou l’expression usuelle de la chasse : « piper un oiseau ». Piper, c’est pousser de petits cris, à la manière des oiseaux. On triche, en imitant leur cri, pour mieux les attirer ! Du monde de la chasse, l’expression est passée chez les joueurs : piper au jeu, c’est tricher pour faire perdre son adversaire, en modifiant les dés par exemple.

 

Sources : REY, Alain, 200 drôles d’expression que l’on utilise tous les jours sans vraiment les connaître, Paris, Le Robert, 2015.

GOUPIL(e) LE BON MOT

Goupil(e) le bon mot a rédigé cet article.

Thèmes associés