Publié le 13/11/2021 - 7 minutes de lecture

Chaque année, l’association Jazz en Velay organise un grand concours de nouvelles et tout le monde peut y participer. Le lauréat de cette année est Laurent Brun avec « Les biens de haute nécessité ». Rencontre !

Laurent Brun joue du jazz depuis l’adolescence, en amateur.

C’est pour mieux en parler qu’il se met à l’ausculter de près, en mots. Depuis 2012, il est chroniqueur pour le webzine Jazz Rhone Alpes. Un premier livre, de l’improvisation à la composition, édité en 2016 chez Palimpseste, a retenu l’attention des critiques. Depuis il a publié un recueil poétique Bois Guitare et tout récemment Matières Poétiques, avec le peintre et musicien Pascal Bouterin.
Il anime des ateliers d’écriture (notamment pour l’édition 2021 de Parfum de Jazz, dans les Baronnies).

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Laurent Brun gagnant Jazz en Mots 2021

Quel est votre rapport à la littérature et la musique ?

La littérature est quotidienne et vitale, comme la musique. À la fois « croyant et pratiquant ». Ce sont des souffles, des moteurs. Un livre peut changer une vie. Une musique aussi. Les deux conjugués font un cocktail artistique explosif. Avec mon épouse, nous avons une pratique de l’accompagnement en improvisation avec des poètes, des conteurs. Je suis guitariste, elle joue du saxophone et du violoncelle.

Vos influences littéraires, vos thèmes de prédilection ?

Je suis venu à la littérature par la poésie. Touché par les poèmes posthumes de Claude Nougaro. J’ai découvert ensuite la poésie contemporaine, celle d’Aimé Césaire, d’Edouard Glissant, de Valérie Rouzeau, de Mahmoud Darwich et tant d’autres. Le roman me passionne (difficile de citer tous ceux qui m’inspirent, Andrée Chedid, Ludovic Hary, Delphine De Vigan, Jeanne Benameur…), le théâtre m’enivre, et par-dessus tout la philosophie (Clément Rosset, Jankélévitch, Georges Didi-Huberman) Je me suis passionné pour les écrivains des iles, au confluent de la poésie, de la littérature et de la philosophie, avec des artistes comme Lyonel Trouillot, Edouard Glissant ou encore Patrick Chamoiseau. Ce sont ces derniers qui m’ont inspiré le titre de la nouvelle, « Des biens de haute nécessité », en référence à leur manifeste de 2009 écrit pendant les grèves en Guadeloupe. Un texte fort, émancipateur et inspirant, qui dit la priorité de l’artistique.

Depuis combien de temps écrivez-vous et pourquoi écrire ?

L’écriture est venue à la mort d’une amie, il y a vingt ans. Cela couvait, devait sortir. L’écriture comme un miroir des sentiments, de l’inconscient. La poésie est profonde. Elle dit le visible et l’invisible. Elle peut être équivoque, à multiples sens, drôle. Le roman est également une aventure, plus formelle et de plus grande enjambée. La philosophie, quant à elle, dit la vie, au plus près de la mort. La nouvelle est d’un genre plus ludique. Je m’y suis essayé des dizaines de fois, notamment en participant, toujours avec bonheur, à des concours (pour « Sang d’encre », à Vienne, pendant le festival du polar, ou encore pour les nouvelles des Bauges, concours organisé par la radio Alto). L’écriture reste avant tout un plaisir. De démiurge.

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Le blues, sa première source d’inspiration

Quels sont vos projets littéraires ?

J’ai achevé deux romans qui n’ont pas trouvé (pour l’instant) leur éditeur. Le premier est une sorte de Roméo et Juliette moderne, platonique. Je souhaitais qu’il ne se passe rien. Ironie du sort, j’y suis arrivé. Le second est l’histoire d’un naïf, (inspiré par Candide) qui, pour comprendre ce qui pousse l’homme à se sentir responsable, part sur les traces des premiers philosophes en Grèce. Je viens tout juste d’entamer une nouvelle écriture, inspiré du mouvement féministe, et notamment de ce courant actuel, chez certaines femmes, qui refusent la pénétration. J’espère que ce sera à la fois grave et délirant. J’imagine entre autre une guerre totale, entre les sexes.

Qu’écoutez-vous comme musique en ce moment ?

En tant que guitariste, amateur, je renoue en ce moment avec le blues, ma première source d’inspiration. J’écoute des guitaristes comme Robben Ford, Matt Schofield ou encore Josh Smith. Pour le jazz, j’ai une préférence pour le courant moderne. En tant que journaliste, j’ai la chance d’écouter quantité de groupes exceptionnels qui gravitent, entre autres, sur la scène lyonnaise, dont je suis le plus proche géographiquement. Tout récemment sont sortis ou sortiront de fabuleux disques (Flower in the desert du Fabrice Tarel trio, Pension Almayer du pianiste Baptiste Bailly, Rouge de la pianiste Madeleine Cazenave, Camille Thouvenot et son Mettà trio avec Crésistance) Là encore, je ne peux citer tout le monde. Des artistes à écouter en live. La création contemporaine a de belles heures devant elle. Si elle trouve un écho favorable dans la société et des relais politiques intelligents.

Quelles sont vos relations avec le jazz ?

Je suis tombé amoureux du jazz à 17 ans, un coup de cœur pour cette musique en liberté, charriant une histoire singulière. Et cela grâce à  jazz à Vienne, le festival des premières années, l’époque Boutellier, Depuis ce temps-là, je joue du jazz et n’ai jamais arrêté. Cela fait partie de mon être. Depuis plus de vingt ans, je suis allé voir du côté d’Uzeste et du festival de Bernard Lubat. Pour le côté musique, arts improvisés, et engagement politique. Egalement, depuis quelques temps, à Parfum de jazz, en Baronnies, pour l’ambiance. J’ai animé là-bas cette année des ateliers d’écriture, car écrire avec d’autres est un vrai plaisir et en quelque sorte un acte militant. Ateliers d’écriture ludiques, façon GFEN (groupe français d’éducation nouvelle, avec qui j’ai énormément appris). En 2012, j’ai rejoint également l’équipe de bénévoles de jazz-rhone-alpes.com, un ensemble de journalistes, écrivains, photographes, passionnés, animé par son président Pascal Derathe. Ce média sur internet est sans doute celui qui a la plus forte audience en Auvergne Rhône Alpes, tous arts confondus. Une belle aventure, le partage d’une passion, qui continue.

Connaissez-vous la Haute-Loire ?

J’aimerais venir à Jazz en Velay. Ce sera pour l’année 2022. J’ai souvent gravité à la frontière de la Haute-Loire : le mont Mézenc, en randonnée, le festival des apéros musique de Blesle où nous avons joué mon épouse et moi, dans la rue. Pour moi, la Haute-Loire est synonyme de balades, de convivialité et d’art de vivre. Et aussi de jazz. Alors, à l’année prochaine. J’apporte le matos pour faire le bœuf.

Acrostiche de Laurent Brun

Marcel, bonjour à toi, comment vas ?
brAvo pour tes articles et la promo sur ta belle région
j’ai cRu voir que tu étais sur tous les fronts de la
Culture, que le jazz se porte bien en Velay
Et ton orchestre, ça roule ?
Longue vie !

emma meyssonnier illustratrice

Emma Meyssonnier, l’illustratrice de cette nouvelle, on vous en parle très bientôt 😉

 

À noter que cette nouvelle, illustrée par Emma Meyssonnier, est en vente à “L’Arbre à livres”, rue Saint-Jacques au Puy-en-Velay ou lors des rendez-vous jazzy de Jazz en Velay (concerts, jam…), ou encore par correspondance.

DEVERJAC

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