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Publié le 01/02/2022 - 9 minutes de lecture
Vous vous souvenez du jour où vous vous êtes rencontrés ?
Kent : C’était après un de mes concerts à Lyon. L’organisateur nous a présentés. Nous avons bu du vin en parlant musique jusqu’à tard dans le hall de mon hôtel.
Frédéric Bobin : Kent se produisait au Marché Gare à Lyon pour le festival Les Chants de Mars. En 2008 ou 2009, je dirais. Je connaissais bien sa discographie mais ne l’avais jamais vu sur scène. J’ai beaucoup aimé le concert, il revisitait ses chansons dans une formule légère, en duo avec Fred Palem à la guitare. C’était des amis qui organisaient le concert et ils m’ont proposé de rencontrer Kent après le concert. On a terminé en petit comité dans le hall de l’hôtel autour d’une bonne bouteille de rouge et le courant est bien passé entre nous !
Comment vous est venue l’idée de partir en tournée en duo ?
Kent : C’est une idée de Bruno Durutty de la MJC de Venelles, qui souhaitait nous programmer ensemble. Il a eu le nez creux, j’ai l’impression qu’on attendait que ça sans se le dire.
F. B. : On avait chanté ensemble quelques fois sur scène, le temps de quelques duos, dans le cadre d’invitations, de soirées cartes blanches… On avait pris beaucoup de plaisir à mélanger nos voix et on avait remarqué que nos timbres s’accordaient bien ! C’est tout naturellement que j’ai demandé à Kent de prêter sa voix à ma chanson Tant qu’il y aura des hommes, sur mon dernier album. On en a fait un clip et la chanson a connu un petit écho.
Peu de temps après, un copain directeur de salle, Bruno Durruty, m’a proposé de créé un spectacle, juste Kent et moi, en mélangeant nos répertoires. Spectacle que l’on ne devait jouer qu’une fois dans la programmation de son lieu, la salle Allain Leprest, près d’Aix en Provence. J’en ai parlé à Kent, il a dit OK. On s’est pris au jeu ! Chacun a choisi les chansons du répertoire de l’autre et on a intégré quelques reprises dans le set… On a rapidement eu une vingtaine de chansons, on a bossé chacun en amont et on s’est vus une semaine pour les jouer ensemble et préparer le concert. Ce n’était pas une grande surprise, mais on s’est bien amusés en répétant ! Le concert (en juin 2021) s’est super bien passé et on s’est dit que si l’occasion se représentait, on le referait !
Sans démarcher plus que ça, on a été contactés par pas mal de salles qui avaient vu passer l’info du concert vers Aix-en-Provence et voulaient accueillir notre spectacle. Rapidement, on s’est retrouvés avec cette tournée de 11 dates entre fin janvier et fin février qui va nous mener à St Julien Chapteuil donc, mais aussi à Lyon, Troyes, en Suisse, dans le sud-ouest… Cet été, il y aura aussi quelques dates.
Quelle chanson du répertoire de votre partenaire préférez-vous ?
F. B. : La chanson « Class Prolo » qui ouvre l’album Cyclone.
Kent : Une seule ? On va dire qu’aujourd’hui, c’est « Le soir tombe ». J’aime particulièrement l’arrangement qu’on en a fait et ce qu’elle raconte.
Préférez-vous les concerts sonorisés ou acoustiques ?
Kent : Acoustiques mais ils sont rares. On est toujours sonorisés. Disons que moins la sono est puissante, plus ça me plait. Le niveau sonore, ce n’est que de l’esbroufe en concert.
F. B. : A 99%, je fais des concerts sonorisés. Mais à chaque fois que j’en ai l’occasion, je chante et joue en acoustique et j’adore ça ! Il y a un charme fou à chanter sans être sonorisé. La voix remplit l’espace sans artifice, de la façon la plus naturelle qui soit. Je ne chante pas de la même manière, sans micro.
A l’heure où les concerts sont souvent sonorisés hyper fort et où tu dois prévoir des bouchons pour tenir le coup, on a perdu cette sensation d’entendre le son « pur » des instruments et des voix. Ces derniers temps, j’ai vu des concerts de musique classique, notamment Natalie Dessay en piano/voix et Alexandre Tharaud en piano solo. C’était dans des grandes salles, mais ce n’était pas sonorisé. Au début, tu tends l’oreille et au bout de quelques minutes, l’oreille s’habitue et ça crée une écoute incroyable ! C’était magique. Pareil pour une symphonie de Chostakovitch que j’ai vue récemment, avec Kent d’ailleurs : des passages hyper doux et d’autres fortissimo ! Les nuances, c’est ce qu’il y a de plus beau en musique ! J’essaie d’ailleurs d’avoir une bonne dynamique lors de mes concerts, même sonorisés. Il m’arrive de plus en plus d’inclure des petits passages purement acoustiques en milieu de set, ça créé un petit évènement et ça permet d’écouter différemment. Ce sont souvent les moments dont on me parle après les concerts : le fait de chanter sans « barrière » technique créé de la proximité et souvent une émotion particulière. J’aime bien alterner les deux au sein d’un concert.
La chanson que vous écoutez en boucle en ce moment ?
F. B. : C’est rare que j’écoute une chanson en boucle… Chez moi, c’est plutôt un album ou un artiste. C’est par phase. En ce moment, je réécoute beaucoup les albums solo de Paul McCartney. Et je redécouvre aussi la discographie de Neil Young.
Kent : « Silly Boy Blue » (Tibet version) sur Toy, l’album inédit de David Bowie qui vient de sortir. En 2000, Bowie avait réenregistré une sélection de ses toutes premières chansons en vue d’en faire un album qui n’est jamais paru. C’est fait et ça vaut le détour !
Un artiste « coup de cœur du moment » dont vous aimeriez nous parler ?
Kent : UNE artiste ! Il s’agit d’Alice Animal que j’ai découverte lors de ma précédente tournée. Je l’ai vue sur scène dans un tout petit lieu à Paris, seule avec sa gratte électrique. Elle m’a époustouflé. Après son set, je lui ai proposé ma première partie, la semaine d’après au Café de la Danse. Depuis elle a sorti un EP et tourne pas mal en trio. J’adore. D’ailleurs on écrit des chansons ensemble quelquefois. Pour elle ou pour moi.
F. B. : Je pense à Yves-Marie Bellot, un copain chanteur un peu plus jeune que moi qui a sorti un bel album l’année dernière (Grand plongeoir, 2020). J’aime beaucoup sa sensibilité artistique, l’attention qu’il porte au texte et l’écrin pop de sa musique. C’est toujours délicat, sans jamais être en force. Ensemble, on aime bien partager aussi des moments musicaux : récemment, il m’a invité à jouer de la basse sur une version acoustique de l’une de ses chansons et on a chanté en duo une chanson de Matthieu Boogaerts pour une vidéo live.
Avez-vous une info exclusive à nous divulguer au sujet de votre concert en duo à Saint-Julien-Chapteuil ?
F. B. : C’est drôle que tu demandes ça, car il y aura en effet peut-être une originalité… Une amie a adapté ma chanson Tant qu’il y aura des hommes en langue des signes et elle m’a proposé d’en faire une version sur scène, en mélangeant musique, voix et langue des signes… Il faut voir comment ça s’intègre à la soirée… mais ça pourrait être sympa !
Kent : Je porterai une nouvelle chemise cachemire.
Quels sont vos projets pour 2022, après cette tournée en duo ?
Kent : Un nouvel album est dans l’air et une nouvelle tournée aussi. Ça, c’est une info exclusive.
Frédéric Bobin : Après cette tournée un peu spéciale en duo avec Kent, je vais reprendre la route avec mon propre spectacle. C’est bien rempli jusqu’en juin. En marge de ma tournée, l’année 2022 sera aussi consacrée à l’enregistrement de mon nouvel album dont la sortie est prévue début 2023. Douze nouvelles chansons que l’on va enregistrer en studio avec mon équipe et avec l’aide de Label Diff, le label d’Yvan Marc, très bel artiste basé dans votre région (Bobin a d’ailleurs participé à l’album de duos d’Yvan Marc, qu’on avait rencontré en juin 2021, ndlr). En 2022, sortira aussi un album hommage à Jean-Louis Murat auquel je participe.
https://bonjourmarcel.fr/culture-marcel/culture/musique/yvan-marc-un-album-de-11-duos-pour-redecouvrir-ses-chansons/
L’acrostiche MARCEL de Frédéric Bobin :
Mélange (de voix, de répertoires, de guitares…)
Acoustique
Racines (ouvrières)
Croix-Rousse (un quartier à Lyon où j’ai habité longtemps et où Kent est né)
Energie
Live
L’acrostiche MARCEL de Kent :
Mi la ré sol si mi, l’accordage usuel de nos guitares
Amitié avant tout
Ré la ré sol si ré, autre accordage que j’utilise sur certaines chansons
Comme à la maison, on arrive, on chante
Epatant ce qu’on peut faire avec juste deux voix et deux guitares
Légendaire. Qui sait !
Je suis très heureux d’avoir pu échanger avec ces deux artistes que j’apprécie beaucoup. Si vous les aimez autant que moi ou si cette interview vous a donné envie de les découvrir en concert, prenez vos places ICI ou au 06 25 05 50 35 🙂
Tarif : 12€
Tarif adhérent : 8€
Gratuit pour les – de 16 ans
LITTLE MARCEL