Publié le 03/04/2020 - 6 minutes de lecture

Il y a quelques mois, on vous présentait le Prix Totem des Lycéens, un prix littéraire organisé par et pour les élèves du lycée Charles & Adrien Dupuy. On a eu la chance d’échanger avec Marie-Sabine Roger, auteure du roman Les bracassées, publié aux Éditions du Rouergue et en lice pour le premier Prix Totem des Lycéens.

Résumé : Fleur et Harmonie : les prénoms des deux héroïnes du roman de Marie-Sabine Roger sont, disons… un peu trompeurs. Car Fleur, âgée de 76 ans, est une dame obèse et phobique sociale. Et Harmonie, 26 ans, est atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette. En clair, son langage est ordurier et elle ne peut retenir des gestes amples et violents. Bientôt rejointes par une bande de « bras cassés » émouvants et drôles, elles vont nous entraîner dans une série d’aventures.

MARCEL : Bonjour Marie-Sabine !

Marie-Sabine : Bonjour MARCEL !

D’où vous est venue l’idée de ce « feel good book » ?

Je ne fais jamais de plan. Lorsque je commence un roman, je n’ai aucune idée de l’endroit où il va me mener, je n’en ai pas choisi le sujet à l’avance, je découvre l’histoire au fur et à mesure que je l’écris, tout comme vous la découvrirez au fur et à mesure que vous la lirez. En un sens, je suis ma première lectrice.

Comment avez-vous construit ces personnages assez rocambolesques ?

Les personnages que je décris dans Les bracassées vous semblent originaux, et ils le sont, comme nous le sommes. Pour autant leurs pathologies existent. Vous pourriez rencontrer Harmonie ou Elvire dans la rue. Quant à Fleur, il est probable que vous ne connaîtriez pas son existence à moins que quelque chose ne vienne bouleverser sa vie, car les phobiques sociaux ne sortent pas de chez eux, ou le moins possible en tout cas.

Je n’ai pas construit ces personnages, ils se sont révélés au cours de l’écriture, avec leurs spécificités. De même, je n’ai pas « choisi » le registre de langue d’Harmonie ou de Fleur. Elles sont venues avec, pour l’une, les tics verbaux, le flux chahuté de paroles, les écholalies et, pour l’autre, les ratures, les digressions, les critiques un peu fielleuses.

L’une pense, l’autre écrit son journal, l’écriture s’est coulée naturellement dans ces deux voies différentes, dans ces deux voix particulières

Quel est le roman que vous avez écrit et dont vous êtes la plus fière ?

Demandez-moi lequel de mes trois enfants est le préféré, et je ressentirai à peu près la même difficulté à vous répondre 🙂

En réalité, je caricature, ce n’est pas tout à fait aussi simple : depuis 1989, j’ai écrit plus d’une centaine de textes divers (albums pour enfants, romans jeunesse, nouvelles, romans adultes). J’ai arrêté de compter à cent.

Dans cette masse un peu exagérée, il y a des textes que j’ai écrit avec plaisir, mais sans m’y engager réellement. Ce ne sont pas les plus nombreux. Pour le reste, certains romans – pour ne parler que des romans – subsistent encore, et sont régulièrement réédités, parfois depuis plus de vingt ans, ce qui prouve qu’ils ont touchés les lecteurs. Mais ce n’est pas parce qu’un de mes romans est plus connu, ou plus traduit que d’autres, comme La tête en friche, par exemple, que j’en suis plus fière.

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À quel moment de la journée préférez-vous écrire et à quelle fréquence ?

J’écris plutôt dans l’après-midi ou le soir, je corrige plutôt le matin.

Je mets environ 18 mois à deux ans pour écrire un roman, chacun de mes textes m’a accompagné dans son écriture pendant des périodes heureuses ou tristes, faciles ou compliquées. Ils sont autant de bornes posées sur mon chemin, autant d’instantanés. Je peux me dire « J’ai écrit cette nouvelle quand j’étais à Madagascar », ou « Je travaillais sur ce roman quand je vivais au Québec, en Bourgogne, en Charente, au moment de telle naissance, de tel événement ».

Quels sont vos lieux favoris pour écrire ?

Je travaille presque exclusivement chez moi, j’ai besoin de silence ou de musique, mais en tout cas de calme. Je peux écrire dans mon bureau comme dans mon jardin, tout dépend (de la météo, entre autres).

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui aimerait se lancer dans l’écriture ?

De faire autre chose, bien entendu 😉 Plus sérieusement : une patience infinie, et tout d’abord avec soi-même. L’écriture demande du temps. Tolkien a mis près de quinze ans pour écrire sa trilogie. Mes conseils seraient donc de ne pas chercher à aller vite, de ne pas composer avec son exigence, de toujours essayer de faire un peu mieux que ce que l’on croyait pouvoir faire. Et de chercher un travail à côté car les auteurs qui vivent de leur métier, ce qui est mon cas, sont très rares et très chanceux. Vivre de sa passion, même modestement, est le plus grand luxe que vous pouvez attendre d’une vie, à mon sens.

Et aussi, ne jamais se décourager d’un refus d’éditeur. La tête en friche a été refusé par six ou sept éditeurs (ils se sont tous suicidés depuis) avant de sortir au Rouergue, d’être porté à l’écran par Jean Becker, avec Gérard Depardieu, et d’être traduit en quinze langues.

Si je m’étais arrêtée au premier, second, ou même cinquième refus, ma vie serait bien différente. Il faut y croire, et surtout, il faut travailler.

Comme disait Brassens : « Le talent sans travail n’est qu’une sale manie. »

Quels sont vos futurs projets ?

Mon prochain roman sortira au mois d’août, il s’intitule Loin-Confins, il parle de la folie, du rêve, des rapports familiaux, et de bien d’autres choses.

Votre acrostiche MARCEL pour terminer 😉

Mais pourquoi voulez-vous imposer aux
Auteurs l’ennuyeuse acrostiche, ce devoir laborieux,
Rébarbatif, contraint ?
Cette coercition me donne envie soudain d’aller chercher au loin la rime buissonnière
Et d’aller prendre
L’air. De rien.

Avec plus de 40 albums jeunesse à son actif, une vingtaine de romans jeunesse, huit romans adulte dont Les bracassées et récompensée par une dizaine de prix littéraires, Marie-Sabine Roger n’est pas une débutante ! On vous invite vivement à découvrir ses ouvrages, si ce n’est pas encore fait 😉

Retrouvez Marie-Sabine sur Facebook.

LITTLE MARCEL

Little Marcel a rédigé cet article.

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