Publié le 07/12/2020 - 7 minutes de lecture

Vous l’avez peut-être déjà croisée en ville ou au musée Crozatier où elle narre, encore mieux que Stéphane Bern, l’histoire de notre patrimoine. Originaire de Lorraine et ponote depuis plusieurs années, Aurélie DELADEUILLE est une « wonder woman de la culture », une super guide conférencière doublée d’une artiste à part entière !

Passionnée par le dessin depuis son plus jeune âge, Aurélie va apprendre dès 11 ans la peinture à l’huile traditionnelle : comment préparer sa propre toile, ses propres pâtes à pigments, et reproduire des tableaux de maîtres. Rien que ça !

Pour nous permettre de mieux la connaître, Aurélie a bien voulu répondre à nos questions :

Bonjour Marcel : « Quel parcours as-tu suivi pour devenir guide-conférencière ? »

Aurélie : « J’ai d’abord intégré l’école du Louvre à 25 ans. Pendant trois ans, j’ai étudié l’Histoire de l’Art, l’Archéologie, l’Histoire des civilisations. J’ai continué avec un Master 1 Muséologie afin de découvrir le droit culturel de nos institutions françaises ou internationales, la conservation préventive des œuvres, la muséographie. Puis  j’ai suivi à Amiens un Master 2 de régisseur d’œuvres, spécifique pour apprendre la mise en exposition et la présentation des œuvres au public. Pour finir, comme je souhaitais travailler dans la médiation culturelle, j’ai réussi la formation de guide-conférencier et obtenu la carte de guide. »

Impressionnant ! Mais pourquoi est-ce si important pour toi la médiation culturelle ?

Au-delà de la « simple » visite, le médiateur permet de créer ou raviver le lien que les habitants peuvent avoir avec leur territoire, et leur donner envie d’aller plus loin dans sa découverte, de mieux le comprendre. Par exemple, en s’y intéressant davantage par des recherches personnelles, des activités culturelles ou artistiques, etc … Cela permet aussi à ce même public d’en être acteur et de s’impliquer davantage, de le défendre chacun à sa manière.  Je suis là un peu comme une traductrice du monde, sous ses formes historiques et artistiques. Je tiens à faire passer le message de ces vestiges qui ont traversé le temps.

Que faut-il pour être un bon guide conférencier ?

Le cœur du métier de médiateur est de faire passer un message sur notre patrimoine, que ce soit pour des visiteurs locaux ou extérieurs au département. Mais pas seulement. L’avantage d’une visite guidée, c’est aussi communiquer avec son public, d’échanger et d’instaurer un dialogue. Si j’ai réussi à faire passer un message, à faire comprendre ce pourquoi les gens se sont déplacés, et en plus leur faire passer un moment agréable, alors je considère que je suis parvenue à bien faire mon travail. Je passe d’ailleurs toujours de très bon moment avec le public.  Il faut à mon sens beaucoup d’empathie, d’adaptabilité du discours sur le fond et la forme, de la curiosité sur tous les thèmes à aborder, et une grande rigueur de travail (de recherches et d’analyses). Et bien entendu, une formation diplômante validée par la délivrance d’une carte de guide-conférencier.

Pourquoi avoir choisi le Puy-en-Velay pour vivre de ton métier ?

Parce que c’est un territoire qui est très riche en termes de patrimoines :
– Un patrimoine naturel authentique avec des paysages magnifiques,
– Un patrimoine historique unique : on pourrait créer de véritables feuilletons épiques avec l’histoire du Velay !
– Un patrimoine immatériel exceptionnel : ce sont les traditions, même les plus simples de nos ancêtres, qui créent notre caractère et les particularités locales,
– Un patrimoine artistique multiple : ah l’Art ! Mon éternelle passion ! Tout est source d’inspiration !

Quels sites de la Haute-Loire préfères-tu ?

Il existe tellement de beaux endroits. Mais j’ai un faible pour la lac de Malaguet en Livradois-Forez, qui offre une très belle promenade et qui est pour moi un lieu parfait pour se ressourcer, entre plan d’eau et sous-bois.

Vue du lac de Malaguet – crédit Jacques JACOB

Tu es aussi artiste et illustratrice, une vraie « touche-à-tout » puisque tu travailles aussi bien les crayons, le pinceau à huile ou aquarelle que le stylet numérique. Parle-nous de ton univers !

Mon univers s’est nourri de diverses influences : les mangas, la B.D franco-belge, l’Heroic-Fantasy en passant par les grands peintres toscans comme Giotto, Botticelli ou encore le mouvement Art Nouveau. Ce qui me plaît notamment dans la Fantasy, c’est que l’on peut y trouver de la magie, du merveilleux, de la comédie, mais aussi des atmosphères plus sombres et dramatiques. C’est un terrain qui offre de nombreuses possibilités de motifs et de scènes. Ma motivation première est d’offrir au spectateur une fenêtre vers l’ailleurs, une parenthèse de rêverie, où l’imaginaire est libre de se déployer dans l’esprit et dans le cœur.

Tu es aussi plasticienne. Quelles sont les installations que tu crées ?

C’est en 2010 que j’ai fait mes premiers pas dans la réalisation d’une installation extérieure. Au cœur d’un jardin privé, j’ai décidé d’installer « contre-courbe ». Cet espace, avec ses plantations, arbres, branchages, et ses fleurs, offre au regard une multitude de méandres et de lignes sinueuses, point de départ de ma réflexion. Afin de mettre en valeur la notion de courbe, j’ai souhaité la confronter avec une valeur qui lui est opposée, à savoir la droite : la droite contre la courbe. Cette installation invite le visiteur à se mouvoir autrement dans l’espace, et percevoir de nouvelles perspectives et appréhender l’espace d’une manière inusitée.
En 2013, j’ai proposé  « Connect-ions »  à l’occasion d’un festival qui s’est tenu Square des Batignolles à Paris. Le festival avait son thème axé sur le site urbain au cœur de Paris. La pièce était composée de cordages de chanvre de longueurs variables. Les cordes se rencontrant en des points aléatoires, se chevauchant, s’entrecoupant, ou placées en parallèles. Je souhaitais matérialiser ainsi le chemin des citadins, individus dont les destins se croisent, se heurtent, s’influencent les uns les autres, ou s’ignorent totalement. Chacun suis sa propre voie, tout en se laissant toucher par le sort d’un voisin, ou d’un parfait inconnu. Même sans point de rencontre, toutes ces destinées sont parties intégrantes d’un tout commun : la ville.

Il paraît que tu exposes très bientôt tes dessins au grand public ?!

Tout à fait ! Mon exposition se fera à la Couveuse de Chadrac du vendredi 11 décembre 2020 au jeudi 04 mars 2021 :  http://mptchadrac.fr/expo-en-cours/

D’autres projets à venir ?

Je souhaite réussir à avancer sur un projet de bande-dessinée dont les planches ont été un certain temps en attente, puis trouver un éditeur. Je souhaiterais aussi avoir mon propre atelier, un atelier digne de ce nom, qui me permettrait de reprendre les techniques à l’huile, et de continuer à développer des installations. Et bien sûr, en apprendre toujours plus sur la Haute-Loire !

Ton acrostiche pour MARCEL ?

Merveilleux
Arts
Raconter
Courage
Empathie
Lumière

Hey ! En attendant de voir en vrai les créations d’Aurélie, jette un coup d’œil sur son site internet !

CASSIOPÉE 

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