Publié le 07/10/2019 - 3 minutes de lecture

MARCEL est fier d’accueillir un nouveau rédacteur : Goupil(e) le bon mot. Chaque mois, il vous proposera de découvrir l’origine et le sens de certaines expressions ou mots étranges encore courants dans notre vocabulaire. Arts de la table, commerce, justice, finance, architecture, monde animal, militaire et monde du jeu, autant d’univers qui ont forgé de nombreuses expressions, utilisées aujourd’hui de manière parfois totalement décalée de leur sens d’origine !

Octobre : chacun cherche son chat ! (1/2)

Aux premiers frimas de l’automne, les passants transis s’en vont à la queue leu leu, rongeant leur frein en attendant des jours plus radieux. Ce n’est pas l’été indien qui leur fera prendre des vessies pour des lanternes : l’hiver approche, fini les petites tenues, et c’est bien là que le bât blesse !

Cette semaine voici déjà 2 expressions qui font appel au règne animal ! (La suite dans deux semaines).

À la queue leu leu

En latin, Lupus désigne le loup. Transposé en français médiéval, on disait leu, ou léw, avant que le XIIIe siècle ne rétablisse le « p » final, plus proche de la racine latine. Or, les loups chassant, se suivent les uns derrière les autres. De loin, on pouvait voir des queues se balancer, mais sans pouvoir déterminer le nombre exact de bêtes. On disait alors, textuellement : « à la queue du loup, un (autre) loup ». Tronquée, vite dite et transformée par l’évolution de la langue, l’expression est restée sous sa forme actuelle, bien difficilement compréhensible dans notre vocabulaire moderne !

Le même phénomène s’est produit avec des noms de lieux : Bourg-la-Reine (Hauts de Seine), c’est textuellement, le « Bourg de la Reine », l’Hôtel-Dieu, « la maison de Dieu », Hôtel devant s’entendre dans son sens latin originel hospitalis, qui a donné « hospitalité », hôte » et… « hôpital » !

Ronger son frein

Aucun rapport ici avec la bagnole et son système de freinage… quoique !

Ronger, du latin rumigare, évoque les ruminants qui écrasent l’herbe avec leurs dents : les vaches ou les chevaux, par exemple. C’est bien à ce deuxième animal, domestiqué très tôt par les hommes, que se réfère le frein dont il question ici : pièce de métal qu’on dispose entre les mâchoires des montures, et associée à la bride, elle permet au cavalier de ralentir le cheval qui voudrait bien, lui, « prendre le mors à pleine dents », autre nom du frein… Devant la frustration de ne pouvoir galoper, le cheval ne peut que mâchonner son frein jusqu’à l’usure, c’est à dire le ronger.

Avec l’invention de l’automobile, on a oublié le sens de cette expression, mais la langue est tenace et conserve les mots dans un tout autre sens : Même avec de nombreux « chevaux sous le capot », la vitesse est parfois « bridée », et il faut souvent « appuyer sur le frein », au risque de le ronger dans les embouteillages !

La suite dans deux semaines ! Restez connectés !

GOUPIL(e) LE BON MOT

Goupil(e) le bon mot a rédigé cet article.

Thèmes associés