Publié le 06/03/2020 - 3 minutes de lecture

Chaque mois, je vous propose de découvrir l’origine et le sens de certaines expressions ou mots étranges encore courants dans notre vocabulaire. Arts de la table, commerce, justice, finance, architecture, monde animal, militaire et monde du jeu, autant d’univers qui ont forgé de nombreuses expressions, utilisées aujourd’hui de manière parfois totalement décalée de leur sens d’origine !

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Mars : « Parce que nous le valons bien ! »

Ce mois-ci sont renouvelés les édiles de nos villes et villages. À l’aune de leurs projets municipaux, ce sont eux qui décideront en partie de nos futures impositions, nous autres, pauvres hères taillables et corvéables à merci. Au fur et à mesure des mois, nous devons participer au financement de nos services publics, qui peu ou prou, répondent à nos besoins toute l’année, surtout quand la maladie guette et qu’on n’est pas dans son assiette

À l’aune de

À l’origine, « aune » désigne une unité de mesure (comme le pouce, le pied, la coudée dont nous avons déjà parlé dans la chronique de février), celui-ci étant d’origine germanique. Le terme s’est répandu pour évoquer une longueur d’environ 1,20m, et a surtout été utilisé dans le commerce des étoffes. On allait chez les drapiers « acheter quelques aunes de draps ». Pour proposer la bonne coupe, les marchands disposaient d’un bâton de la taille exacte d’une aune. Il leur servait d’exemple (l’étalon) pour trouver la mesure souhaitée. Les marchands actuels ont gardé cette habitude, et ont toujours à leur côté un bâton de mesure, ramené à la taille plus contemporaine d’un mètre. « A l’aune de » a ensuite dérivé pour finalement signifier « à la mesure de »  ou « en prenant comme référence ».

Être taillable et corvéable (à merci)

Au Moyen Age, les paysans étaient très souvent soumis à un seigneur. Celui-ci pouvait réclamer un certain nombre de « servitudes », c’est à dire des obligations en échange de sa protection. Ainsi, les paysans devaient accomplir certaines corvées (comme le curage des fossés du château, une fois l’an), et étaient soumis à un impôt, la taille. On l’appelait comme ceci parce que les collecteurs d’impôts tenaient leur comptabilité en pratiquant une encoche (« tailler » veut dire couper) sur un « bâton de taille » (encore un !), ce qui permettait une compréhension immédiate par les populations locales, en grande majorité illettrées. Les paysans étaient donc taillables et corvéables, c’est à dire redevables à leur seigneur. La fin de l’expression à merci, a été progressivement ajoutée pour démontrer toute l’injustice du système féodale : soumis au bon vouloir du seigneur, les populations étaient en quelque sorte « à sa merci »…

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Source : 

> Alain REY, 200 drôles d’expressions que l’on utilise tous les jours sans vraiment les connaître, 2015.

GOUPIL(e) LE BON MOT

Goupil(e) le bon mot a rédigé cet article.

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