Publié le 12/06/2020 - 8 minutes de lecture

Et si les grottes de Couteaux, à Lantriac, avaient caché en leur sein le secret de la pierre philosophale, de l’élixir de longue vie recherché par tous les alchimistes, et que Nicolas Flamel aurait élucidé ?

Et si ce savoir était tombé par hasard dans les mains d’un jeune berger alors qu’un riche homme d’affaire du Puy-en-Velay, mourant, remuait ciel et terre pour le trouver ?

C’est l’histoire que nous propose Bernadette Berger, auteur altiligérienne passionnée d’histoire locale.

Dans son dernier roman, Pour une goutte d’éternité, elle nous fait voyager dans le temps. Direction le début du 20ème siècle.

Le lecteur suit les destins croisés de Jean, le jeune fermier qui va s’improviser alchimiste au péril de sa vie, d’Alice, une jeune artiste qui se refuse à suivre le destin tout tracé par sa mère, et des Guichard père et fils, à la recherche de l’élixir.

Autour d’eux, une jolie gamme de personnages plus ou moins sympathiques, parfois bien excentriques.

Le roman nous fait voyager entre les grottes de Couteaux, à Lantriac, et Saint-Paulien, en passant par le Puy-en-Velay.

Une géographie qui nous permet de nous impliquer immédiatement, tant il est plaisant de retrouver des lieux que nous fréquentons au quotidien et de les imaginer théâtre d’une histoire d’alchimie.

D’ailleurs, si une bonne partie du récit est romancée, le livre s’appuie tout de même sur des croyances et légendes locales bien réelles. Bernadette Berger a passé un certain nombre d’heures à se documenter sur les secrets du Puy-en-Velay, et le monde de l’alchimie. 

Un travail de recherche qui aboutit sur un roman vraiment sympa, qui donne une nouvelle vision de notre territoire. Toujours plus mystique.

Il est permis de rêver. 

L'interview

Bonjour Bernadette, qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Je suis née en Haute-Loire près du Puy en Velay et je suis passionnée par l’Histoire en général et l’Histoire locale en particulier. Depuis l’adolescence, je raconte des histoires mais avant les années 2000 mes manuscrits ne sortaient pas de mon bureau. Et puis un jour j’ai accepté de me faire éditer.

Comment en êtes-vous arrivée à imaginer ce récit ? Sur quels éléments d’Histoire “vraie” se base-t-il ? 

La Haute-Loire, et c’est encore plus vraie pour le Velay, a pendant des siècles était enclavée. Les gens ont vécu repliés sur eux-mêmes. Pour se nourrir et se soigner ils ne pouvaient compter sur la nature et les croyances qu’ils ont forgées au fil du temps. J’ai trouvé intéressant de placer l’alchimie dans ce tableau, d’autant que la ville du Puy possède de nombreux symboles alchimiques. Jehan de Rochetaillade était un alchimiste qui fut jugé pour hérésie et condamné à mort par le pape à Avignon.

Vous vivez non loin des grottes de Couteaux, où débute l’histoire. Pourquoi avoir choisi ce lieu comme point d’accroche ? 

Mon roman débute sur le lieu magique des grottes de Couteaux. Ce site est très inspirant, il s’en dégage une ambiance particulière. Il a été habité par l’homme depuis la nuit des temps et chaque génération a laissé des traces de son passage : des inscriptions rupestres, des fosses énigmatiques et même un temple solaire. D’ailleurs, il a été retenu par Stéphane Bern dans le cadre du loto du patrimoine et a reçu une aide financière pour sa mise en valeur.

Combien de temps de recherche et de rédaction ont été nécessaires à l’écriture de ce roman ? ? 

J’écris très lentement. Il faut d’abord que l’histoire mûrisse dans ma tête. Ensuite je passe à l’écriture suivant plusieurs phases. 

  • J’élabore le synopsis, c’est-à-dire que  je fais une fiche descriptive par scène. 
  • Je  crée mes  personnages. Je découpe des photos dans des magazines et je les colle sur les fiches « personnages » pour avoir une cohérence physique tout le long du récit (un blond ne peut pas devenir brun). Je travaille les caractères pour leur donner de la profondeur, pour que le lecteur se souvienne d’eux, les aime ou les déteste…
  • Je fais des recherches sur les domaines dont je parle. Je ne suis pas une experte en alchimie. Je me suis beaucoup documentée.
  • Enfin, je passe au travail de rédaction proprement dit. En tout, il me faut deux ans et demi, trois ans.

Vous avez quelques titres à votre actif. Vous pouvez nous lister vos autres romans, avec 3 mots pour représenter chacun ?

Mon premier livre édité, « Le Temps ne fait rien à l’affaire » est un « livre jeu ». Il s’agit d’une enquête policière dans laquelle le policier est le lecteur. Je sème des indices qu’il doit décoder pour trouver la solution. Je donne la réponse à la fin bien sûr. 

Le second « Marceau »  est un « polar rural ». Il débute un soir de burle dans un village du plateau du Mézenc. Une adolescente partie chez une voisine pour réviser en vue du bac ne revient pas à la maison. Elle s’évapore et personne ne sait ce qu’elle est devenue. Un personnage un peu inquiétant vit dans ce village. Il a un prisonnier dans sa cave.

Le troisième « Caterina de Podio » est un roman historique qui se déroule au Puy en Velay au 16ème siècle. Il raconte l’histoire d’amour entre une soignante de l’Hôtel-Dieu et un jeune tailleur de pierre venue d’Italie pour embellir les façades des bourgeois de la ville.

Ces trois romans ne sont plus disponibles en librairie hélas mais j’en ai quelques exemplaires chez moi que je peux  expédier aux personnes intéressées.

Le quatrième roman « Le Choix d’Amélie » vient d’être réédité en livre de poche chez les Editions Lucien Souny. Nous sommes au début du 20ème siècle et une jeune fille de vingt ans, à la suite d’un drame familial, choisit de devenir une béate, c’est-à-dire de consacrer sa vie aux autres. Son parcours va être semé d’embûches mais elle fait face vaillamment. Et puis un jour, elle rencontre Félicien…

Le prochain livre, c’est quoi ?

Il est un peu tôt pour en parler. Je n’en suis qu’au tout début du processus et à ce stade tout peut encore changer. Je ne suis sûre que d’une chose, l’histoire se déroulera à notre époque car j’ai envie de parler de sujets contemporains : le réchauffement climatique, l’accueil des migrants… 

Un max de culture

Votre musique du moment ? 

Plus qu’à la musique, je suis sensible au texte. J’aime beaucoup les chansons de Vianney ou de Stromaé dans la jeune génération bien que mon époque soit plus celle de Cabrel ou Goldmann.

Votre film préféré ?

« Duel » de Steven Spielberg. Avec peu de moyen et peu d’acteurs il arrive à faire monter l’angoisse et à nous coller une véritable frousse.

Le livre que vous lisez actuellement ? 

Je viens de terminer « Surface » d’Olivier Norek et « L’été des 4 rois » de Camille Pascal. Un polar et un roman historique, comme vous voyez je n’en sors pas.

L’auteur que vous rêveriez de rencontrer ? 

Sans hésitation, Pierre Lemaître. Pour moi, il est un maître en écriture (sans mauvais jeu de mot). Sa trilogie qui va de la guerre de 1914-1918 à la débâcle de 1940 est un  pur bonheur de lecture. En parallèle, il écrit de très bons polars comme « Trois jours et une vie » par exemple.

Le personnage historique qui vous inspire le plus ?

Je n’ai pas de personnage historique favori. Ce qui m’inspire, c’est la vie des petites gens, des artisans, des paysans, des ouvriers, ceux pour qui la vie était dure et qui devaient se battre chaque jour. C’est amusant de les placer dans un contexte particulier et de les voir évoluer, de les voir se démener pour survivre. C’est un peu comme quand on regarde une fourmilière.

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