Publié le 13/10/2020 - 7 minutes de lecture

C’est avec ce titre énigmatique « Alice Airelle Alice, Alice Reine » (qui ne le sera plus lorsque vous aurez lu la nouvelle 😉 ), que Malie Berton a remporté le 8e Prix Jazz en Velay. Ce prix récompense, depuis 2012, la nouvelle francophone la plus jazzy de l’année.

Cette passionnée de littérature, qui anime aussi des ateliers d’écriture et des rencontres littéraires avec “l’Échangeoir d’écriture”, a bien voulu répondre aux questions du staff Marcel.

Quel est votre rapport à la littérature et la musique ?

A la fin du collège j’ai lu Le silence de la mer et c’est là que j’ai senti ce qu’était la littérature. Avant je lisais beaucoup, mais pour les histoires. A partir du Silence de la mer, j’ai aussi découvert le plaisir de savourer un style, des images, un rythme, le choix des mots et de la ponctuation. Je me suis plongée dans les classiques, Mme de La Fayette, Flaubert, Tolstoï, Jane Austen, Henry James parmi mes préférés. Je voulais comprendre comment ils faisaient alors, après quelques détours, j’ai fait des études littéraires et une thèse sur le roman initiatique. Et j’essayai d’écrire bien sûr.

J’ai enseigné la langue et littérature espagnole pendant une dizaine d’année mais j’en restais frustrée. Il y a cinq ans, j’ai créé mon entreprise d’animations culturelle autour de la littérature. Je propose des ateliers mais aussi des clubs de lecture, des accompagnements, parfois des jeux…

Quant à la musique, j’ai fait du piano mais je suis mauvaise musicienne et encore pire s’il s’agit de chanter. Je préfère écouter.

Vos influences littéraires, vos thèmes de prédilection ?

Comme j’ai passé beaucoup, beaucoup de temps à étudier les romans d’Antonio Muñoz Molina, j’ai certainement été influencée par ses phrases longues, imagées, au rythme presque hypnotique. Son écriture du jazz aussi.

Pour le reste, je ne sais pas trop. Je lis et je pastiche beaucoup, j’aimerai comme le disait Flaubert trouver la poétique adéquate pour chaque texte.

Il y a un certains nombres d’œuvres qui me fascinent (Anna Karénine, Le royaume des voix, Pleinelune, Chronique d’une mort annoncée, La porte bleue, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Orgueil et préjugé, les nouvelles de Cortazar, Tchekov ou Hemingway, Benedetti ou encore Quiroga, et aussi Né d’aucune femme, Des souris et des hommes, ou encore Wilderness, L’invention des corps, Doggerland…) mais malheureusement, je ne crois pas qu’elles aient réussi à m’influencer.

Je ne pense pas avoir de thème de prédilection non plus, même si je m’intéresse beaucoup à l’écopoétique. Ce sont plutôt des histoires, qui tout à coup, me semble devoir être racontées.

La bibliothèque de Malie
La bibliothèque de Malie

Depuis combien de temps écrivez-vous et pourquoi écrire ?

J’ai commencé enfant, mais il m’a fallu du temps pour comprendre qu’écrire ce n’était pas seulement avoir une histoire à raconter mais plutôt jouer avec la langue pour lui donner une force poétique et significative. J’écris parce que j’aime ça et aussi parce que je me demande encore si un jour je n’arriverai pas à trouver cette adéquation entre l’histoire et le style, l’idée et la phrase. C’est un défi.

Quels sont vos futurs projets littéraires ?

J’aime écrire des nouvelles, pour ce qu’est la nouvelle en elle-même c’est-à-dire sa capacité à dire beaucoup en peu de temps, à générer une atmosphère et une tension, à refuser tout ce qui n’est pas nécessaire, précis, tendu vers l’effet à créer sur le lecteur.

Par contre je suis très lente, surtout pour la relecture et réécriture. Alors, je n’ai pas vraiment de projets, sinon finaliser ce qui traîne depuis plusieurs années et arriver à noter les autres idées, au cas où j’aurai du temps, un jour !

Qu'écoutez-vous comme musique en ce moment ?

J’écoute du classique et du jazz surtout quand je travaille ou le soir en lisant, mais aussi du flamenco, de l’électro, des musiques d’Amérique du Sud, des musiques celtiques, un peu de chanson française, de la pop espagnole… sans oublier les comptines et les musiques Disney avec mes filles, du baroque ou du rock des années 60 à 80 avec mon mari.

Quelles sont vos relations avec le jazz ?

Ma mère devait écouter du jazz quand j’étais petite mais je n’y faisais pas attention. Je l’ai vraiment découvert en lisant L’hiver à Lisbonne d’Antonio Muñoz Molina. C’est une sorte de polar, autour d’un musicien de jazz, d’un tableau de Cézanne et du film Casablanca. Avec, bien sûr, une belle histoire d’amour. Les descriptions de moments de musique sont magiques.

Mon mari aussi aime beaucoup le jazz et il m’a fait découvrir d’autres styles. Moi, je préfère le latin jazz (Bebo et Chucho Valdès, Harold Lopez-Nussa, Roberto Fonseca, Paquito D’Rivera…) Parmi les musiciens français que j’apprécie il y a Samy Thiebault, Rémi Panossian, Airelle Besson, Anne Paceo, Gael Horellou, Raphael Imbert, Nicolas Gardel…

Connaissez-vous la Haute-Loire ?

Je ne suis jamais allée en Haute-Loire, mais nous avons des voisins originaires du Puy-en-Velay qui nous en parlent souvent (en bien !). Et aussi quelques amis qui ont commencé le chemin de Compostelle. Pour nous, cela reste un lieu à découvrir.

Acrostiche MARCEL ?

Miguel (Cervantès), Mario (Benedetti), Mathias (Enard) ou Marie (de France),
Agatha (Christie), André (Brink), Andrée (Chédid) et Albert (Camus)
Raymond (Carver), Rudyard (Kipling) et Ross (Mac Donald)
Cesar (Vallejo), Carmen (Laforet) ou Craig (Johnson)
Et puis Proust ou Pagnol, dont il reste à trouver
Le prénom.

Comment se procurer cette nouvelle ?

La nouvelle est en vente 3€ lors des rendez-vous organisées par l’association Jazz en Velay, mais aussi dans les librairies :

• Café des Plumes à Toulouse
• Au café des livres à Léguevin
• Au Chameau Sauvage à Toulouse
• Chez Madame Bovary à Toulouse
• FNAC du Puy-en-Velay

et par correspondance sur jazzenvelay.fr ou sur www.helloasso.com

Quelques infos supplémentaires autour de cette nouvelle

Résumé du livre :
« Alice Airelle Alice, Alice Reine », de Marie Berton

Alice Manguel a accepté de venir dîner chez Juan David et ça, il ne s’y attendait pas. Il faut dire qu’Alice Manguel n’est pas n’importe qui. Et puis, elle n’a qu’une passion : le jazz. Juan David, lui, il n’y connaît rien au jazz. Il va donc falloir qu’il apprenne très vite, au risque peut-être, de faire des découvertes qui changeront son regard sur sa vie.

Twister : ce livre est superbement illustré par Twister, alias Lucille PAULET. Cette jeune illustratrice est née à Saint-Étienne et a grandi à Bas en Basset. Après des études d’architecture à Toulouse, elle s’est spécialisée en géographie à Clermont-Ferrand.
Aujourd’hui, cette baroudeuse passionnée des territoires vit à Villeurbanne et exerce en tant qu’architecte au sein d’une association lyonnaise de médiation urbaine. Elle est donc également illustratrice indépendante et pose, via ses dessins, un regard décalé et poétique sur ses contemporains.

Twister a participé à la mise en beauté de la gazette de MARCEL, grâce à des illustrations à l’intérieur vraiment trop belles 🙂

Vous pouvez la retrouver sur sont site twisterbd.com et sur instagram.

Cette nouvelle a été illustrée par Lucille Paulet alias Twister.

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