Publié le 01/06/2020 - 4 minutes de lecture

Chaque mois, je vous propose de découvrir l’origine et le sens de certaines expressions ou mots étranges encore courants dans notre vocabulaire. Arts de la table, commerce, justice, finance, architecture, monde animal, militaire et monde du jeu, autant d’univers qui ont forgé de nombreuses expressions, utilisées aujourd’hui de manière parfois totalement décalée de leur sens d’origine !

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Mai : « Au temps pour moi ! » 2/2

Si le titre même de cette chronique peut prêter à confusion (il ne sais plus écrire le français, Goupil ?), c’est qu’il tire son orthographe d’une expression militaire, à découvrir en bonus ! Et c’est bien du monde guerrier, des armes et de l’univers militaire que sont nées bon nombre d’expressions utilisées encore au quotidien !

Effectuer un tir balistique

La baliste est connue depuis la Grèce antique comme arme de siège. Sorte de grosse arbalète sur pied ou sur roues, elle permettait de détruire les petites constructions grâce à un tir qui pouvait atteindre 500m. Les Romains l’utilisèrent notamment dans leur conquête de la Grande Bretagne. Au Moyen Age, on lui préféra les armes de jet à contrepoids, comme le trébuchet. Mais la baliste continua à servir pour un usage très précis : elle permettait en effet d’ajuster les tirs, de préparer l’attaque des grosses machines de siège, en donnant des indications sur la puissance, la portée et la distance à calculer. La précision de cette arme redoutable, connue depuis des millénaires, a donné l’expression « tir (ou portée) balistique » et la science qui étudie les mouvements des projectiles d’armes.

Porter l’estocade / frapper de taille et d’estoc

L’estocade, c’est le coup final, la réplique cinglante qui clôture le débat. Issu de la tauromachie, c’est le coup d’épée donnée avec l’estoc, c’est à dire la pointe. Ce même mot, on le retrouve dans l’expression désuète « frapper de taille et d’estoc », c’est à dire utiliser son épée, dans une bataille, de manière désordonnée, en utilisant aussi bien le tranchant (« la taille ») que la pointe (« l’estoc »). D’où une dernière expression guerrière : « tailler dans le vif », qui n’a point besoin d’explication imagée…

Bonus :

Au temps pour moi

Et non « autant pour moi » ! Objet d’une attention récente sur Internet et d’un regain d’intérêt, cette expression vient des exercices militaires et de l’origine latine de « temps » : tempus, c’est à dire « la durée ». Si le maniement des armes, comme le mouvement des crosses lors d’une revue militaire, n’est pas exécuté dans le bon sens et au bon moment, l’instructeur ordonne de respecter le rythme, c’est à dire d’être « au temps ». Par extension, quand le conscrit fait une erreur dans le rythme demandé, qu’il n’est donc pas « au temps », il vaut mieux pour lui le reconnaître et faire, comme le dit malicieusement Alain Rey, son mea culpa !

Le mois prochain, pour la dernière chronique avant l’été, je vous propose de partir à la découverte d’un tout petit mot, de 3 lettres seulement, qui a lui tout seul nous a donné pas moins de 6 expressions ! Je vous abandonne sur ce petit mystère, je sais, c’est perturbant…

Source :

Alain REY, 200 drôles d’expressions que l’on utilise tous les jours sans vraiment les connaître, 2015.

www.linternaute.fr/expression/langue-francaise/6373/frapper-d-estoc-et-de-taille ;

GOUPIL(e) LE BON MOT

Goupil(e) le bon mot a rédigé cet article.

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