Publié le 30/10/2019 - 5 minutes de lecture

Âmes sensibles s’abstenir : à l’occasion d’Halloween, notre nouveau rédacteur a aiguisé sa plume (tranchante, très tranchante) pour nous proposer une fiction aussi bien ficelée que Mr X sur sa chaise…
À prendre au deuxième, troisième, quatrième voire cinquième degrés !
Bonne lecture et Happy Halloween. 

Une quinquagénaire tuée puis découpée et transformée en matière organique, pour le jardin. Lugubre et sanglante tragédie à Queyrières. Beaucoup de bruits courent autour de cette affaire.

Instabilité psychiatrique ? Diffèrent politique ? Ou encore dispute à propos du repas du soir ? Qu’est ce qui a pu pousser un homme à agir ainsi ? Après notre enquête, il serait surtout question d’écologisme fondamentaliste… En cette soirée d’Halloween 2019, retour sur l’affaire de Composteur de Queyrières.

Notre interview glaçante de l’assassin.

L’entrevue se déroule au nouveau centre médico-pénitencier de Brives-Charensac, où est incarcéré le forcené. Nous sommes accompagnés d’un surveillant pénitencier, et d’un infirmier. Le détenu est sur une chaise, attaché. C’est le « protocole » nous dit-on…

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Bonjour MARCEL : Bonjour Monsieur, pouvez-vous nous dire, ce que, selon vous, furent les circonstances préalables à votre passage à l’acte ?

X : Bonjour, vous savez il y a des comportements qui agacent, et qui finissent par ne plus être soutenables. J’étais, et je suis toujours, très concerné par l’écologie. Au sens strict. Aucun pardon ne doit être accordé à ceux qui souillent notre terre mère.
Pendant toute notre vie de couple je me suis fatigué à faire respecter des gestes simples. Fermer le robinet pendant le brossage des dents, trier les déchets, bannir les produits d’origine animale. En vain… Au bout d’un moment j’ai craqué.

(X demande au surveillant de nous montrer son tatouage, sur le torse).

Voyez, c’est Nicolas Hulot, et en plus j’avais tous les épisodes d’Ushuaia Nature en VHS.

Bonjour MARCEL : Impressionnant ! Maintenant, quel a été l’élément déclencheur du meurtre ?

X :  Justement, c’est une histoire de tri des déchets. On faisait la cuisine, un poulet à l’ananas, avec mon épouse. Et une fois de trop, elle s’est trompé de bac de tri. Elle a mis le bouchon de la brique de jus de fruit, dans le tout-venant, alors que ça va au tri ! La conne ! C’est écrit sur l’emballage en plus, putain ! Je lui ai fait la remarque… Elle a soupiré… C’en était trop. Je lui ai porté plusieurs coups à la tête ainsi qu’au visage, avec un savon de Marseille. Ouais, je l’achetais par pins de cinq kilos à la Biocoop. Et elle à bien fermé sa gueule, tiens ! Bref, je l’ai tuée.

(À cet instant du récit, X transpire, il tire fort sur les liens qui le retiennent à sa chaise. Le surveillant nous fait signe d’abréger un peu l’interview).

Comme elle était morte, et que je ne voulais pas d’emmerdes… Et je pense que les gendarmes n’auraient pas cru à mon histoire de bouchon de brique de jus de fruit… Je me suis dit : il faut la faire disparaître ! Et comme je ne pouvais la mettre ni au tri, ni ou tout-venant, ni au verre, je l’ai mise au compost !

Bonjour MARCEL : Oui oui, cela semble évident… Comment vivez-vous votre incarcération ?

X : C’est vraiment difficile, j’ai dû laisser mes vêtements en plastique recyclé, et mettre cette camisole  en cuir. J’ai une addiction à la tisane à la camomille, mon substitut est un thé Lipton, l’éclairage n’est pas encore à LED, et puis, il n’y a pas de tri sélectif ici… pardon, mais c’est trop dur à évoquer.

(X tremble, il pleure, par pudeur nous décidons d’arrêter la séance).

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Nous sommes raccompagnés à l’extérieur, sous le choc. Comment une personne si préoccupée par l’avenir de la planète, par la vie des animaux, la qualité de vie de nos enfants, peut-elle être traitée avec autant d’injustice ? Pourquoi les juges n’ont-ils pas compris la détresse de cet homme ? Que fait Nicolas Hulot ?

Nous ne voulons en aucun cas minimiser l’acte grave qu’est le meurtre de son épouse, mais cette dernière n’est-elle pas entrée dans un jeu de provocation trop grave ? Qui peux encore croire à la naïve excuse de ne pas connaître les règles évidentes du tri sélectif ?

En attendant que les mentalités évoluent, nous créons un collectif, « Le Jardin de X ». Tous les jeudis seront mis en ventes les légumes BIO enrichis des apports organiques de sa défunte épouse. Les fonds collectés seront utilisés pour installer des bacs de tri dans les cellules du centre psycho-pénitencier de Brives-Charensac.

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