- Rencontres
Publié le 04/04/2019 - 4 minutes de lecture
MARCEL a eu la chance de rencontrer Julie Plantevin Longefay. Sa mission ? Rendre la culture accessible à vraiment tout le monde !
Ardéchoise de 32 ans, installée en Haute-Loire depuis 2012, Julie travaille au Service d’interprétariat LSF-Français de l’association Abbé de l’épée. Diplômée d’un master à l’Université Paris 8, Julie continue de se former notamment en préparant un Diplôme Universitaire « Art du spectacle visuel en langue des signes » à Toulouse.
MARCEL : En quoi, selon vous, le travail d’interprète Langue des signes est essentiel dans notre société et dans la transmission culturelle ?
Julie : Je sers d’intermédiaire linguistique entre personnes entendantes et sourdes pour les actes du quotidien (consultation médicale, réunion, formation professionnelle, mariage, démarches administratives). Les personnes sourdes peuvent ainsi réaliser leurs démarches de manière autonome, sans avoir besoin de faire appel à un membre de leur famille. Nous répondons donc à un besoin formulé par ces personnes. Nous avons de plus en plus de professionnels et d’associations culturelles qui font appel à nos services pour étendre leur offre tout public. C’est faire preuve de citoyenneté que de promouvoir l’égalité d’accès aux savoirs et de sensibiliser le plus grand nombre à cette cause.
M : Présentez-nous votre dernière intervention pour la 12ème édition du Festival Court mais Bon en février dernier.
J : Mon travail était de permettre au public sourd de profiter de la totalité des courts métrages présentés, tout en sensibilisant le public « moldu » à la langue des signes et à son côté artistique. Mon challenge était de trouver l’équilibre entre trop traduire ou pas assez, afin de laisser de la place au film. En tout, il y avait 17 films à interpréter en intégrant une nouveauté : un accessoire ou morceau de costume en accord avec le film projeté. Mais rendre accessible, ce n’est pas attendre une fréquentation rentable en retour. Nous avons, nous entendants, la possibilité d’aller à 20 évènements par week-end. Ce n’est pas forcément pour ça que nous sommes obligés de nous rendre à tout. Qu’il y ait 0, 1 ou 50 personnes, ce festival accessible permet à tous de venir si l’envie est là. Cette année, nous avons atteint un record de 5 personnes sourdes !
M : Quelles sont vos missions d’interprète les plus remarquables ?
J : Le Roi de l’oiseau me donne souvent des missions hors du commun : spectacles de capes et d’épées avec cascades, interprétation de spectacle avec des rapaces (sans que ma traduction gestuelle ne déstabilise les oiseaux). J’ai également participé à un numéro de fakir dans lequel je devais continuer de traduire le spectacle tout en étant debout sur une planche à clous ! Enfin, je me souviendrai toujours d’un accouchement que j’ai traduit de la préparation jusqu’à la naissance de l’enfant !
M : Quelles seront vos prochaines missions dans le domaine « rendre la culture accessible à tous » ?
J : Avec mon binôme Isabelle GUICHERD, nous rendrons accessibles différents évènements culturels : une visite guidée au Musée Crozatier le 14 avril ; mais aussi la dernière création du Théâtre de l’ALAUDA « Hystéria Maléfika », à la MJC d’Espaly le 5 avril prochain ; une ballade nature, proposée par le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement du Velay et le Département, le 11 mai 2019. Enfin, un projet de contes bilingues est prévu le 27 décembre, avec Pascale GINGENE, conteuse du collectif KONSLE’DIZ, dans le cadre du festival » Contes en marche ».
Pour contacter le Service Interprétariat LSF-Français et suivre directement les évènements publics :
> 06 72 12 74 23 ou 04 71 04 58 55
> interpretes@abbedelepee.fr
> Facebook
> Skype : interpretelsf.imr43@hotmail.fr
Vous aimeriez apprendre quelques notions en LSF ?
Faites appel à Graines de Signes, à Sainte Sigolène, avec Camille DESSAILLY : grainesdesignes@gmail.com
La considération des personnes sourdes dans notre société
Malgré de timides progrès en faveur de la place donnée à la Langue des Signes Française dans la transmission d’informations au public (discours officiels nationaux ou municipaux, retransmissions de séances de l’assemblée nationale, fenêtre de traduction pour certaines émissions télévisées), les interprètes en langue des signes militent pour une plus grande reconnaissance de ce besoin de traduction. Ils encouragent avec bienveillance l’accessibilité des personnes sourdes à tous les champs de perception et de compréhension du monde.