- Humeur
Publié le 10/01/2020 - 6 minutes de lecture
Les fêtes sont terminées !
Fini les interminables banquets, les vins blancs sucrés que les gens se refilent au gré des invitations… Fini de manger les chocolats que vous aviez vous-même offerts aux voisins la semaine passée !
Finis le tarama et les blinis qui vous remontent l’œsophage et que vous ré-avalez avec le sourire !
Fini le digestif de trop, incompatible avec la mousse au chocolat et qui vous met la larme à l’œil.
Terminé les crevettes mal décortiquées qui vous font tousser, menaçant toute la tablée d’une pluie de mayonnaise prédigérée.
Terminé les chocolats fourrés à la liqueur qui font baigner vos gencives dans une solution corrosive.
Terminé les fruits de mers mal cuisinés qui vous forcent à quitter le lit… Transformant la nuit d’amour promise en un moment de tourment.
Terminé les pâtés Richelieu, les rôtis de porc en croûte, mousse de marron, mousse de foie, dinde farcie, pas farcie, au jus, en sauce, à la nage, avalanches de foie gras, brouettes de chantilly et que sais-je encore !?
En ce début d’année, quelques restes à terminer… à la rigueur.
Mais c’en est bel et bien terminé de ces abominables gloutonneries. Pour le dîner, la soupe de légumes fait son grand retour. Le yaourt qui la suit renouvelle votre flore intestinale, la Badoit vous émoustille plus que le champagne, et la tisane vous aide à retrouver un sommeil confortable.
Une marche dominicale dans le froid pour évacuer les stigmates de cette période de péché. Vous reprenez le travail, plein d’entrain. Vous bonnes résolutions de la nouvelle année sont prises, vous êtes prêts.
Prêts à enchaîner sur l’épiphanie ! Le plus jeune de la famille sous la table pour tirer les rois, ou plutôt pour gaver ses aînés de la délicieuse galette suintant le beurre.
Toute cette crème d’amande digérée, vous pouvez continuer l’année avec la chandeleur ! Délicieux moment des crêpes et des pâtes à tartiner plus visqueuses les unes que les autres. Cidres Breton, Normand ou Chinois…
Ces trop courtes périodes, rigoureusement marquées d’un jour dans le calendrier, heureusement se rallongent et se chevauchent, grâce à un système commercial très bien rôdé. Ainsi s’entrecroisent dans les supermarchés tous nos délices industriels préférés.
Peu de temps après ce sont les bugnes qui font leur apparition. Au prix pourtant exorbitant de trois euros les cents grammes ! Vous céderez devant ces appétissantes fritures maculées de sucre glace et disposées en tas. Vous rationnerez même vos enfants pour pouvoir en engloutir d’avantage.
En avril, La neige disparaît peu à peu, laissant place aux bourgeons et aux œufs de Pâques. Œufs… mais aussi lapins, pièces de monnaies, poules, et quasiment tout ce qui peut être moulé en chocolat.
Selon les années, la longueur de l’hiver en Haute-Loire permettra de poursuivre ce marathon épicurien entre mi-avril et début-juin, avec les premiers barbecues. Un florilège de saucisses, côtes, entrecôtes, andouillettes, chorizos… et peut-être quelques légumes ou poissons pour les plus raisonnables.
Pour faire descendre le tout, les rosés et bières sont de retour pour notre plus grand bien. Ces grillades estivales, non datées dans le calendrier, se livrent alors à l’anarchie la plus totale. S’immiscent dans les mariages, naissant d’un feu de détritus sur le parking d’un festival ou brûlant, par projections de braises, les pieds des campeurs.
Cette année deux mille vingt étant celle de l’euro de football, l’équipe nationale, si elle s’illustre, nous fera augmenter la consommation de bière. Et peut-être même ouvrir une bouteille de champagne.
L’été se finissant lentement au mois de septembre, nous laisse, à nous altiligériens, l’occasion de faire un ultime excès : les fêtes renaissances du Roi de l’oiseau ! Ou comment souiller son corps une dernière fois avant l’hiver. Le lundi suivant cette éprouvante semaine vous serez probablement pris de tremblement, de nausées, vos dents tachées par l’hypocras. Vos cheveux et vos vêtements enfumés par les foyers servant de cuisson aux porcs embrochés et autres chaudrons de potée.
Mais enfin arrive le repos du guerrier ! Les prochaines fêtes de fin d’années sont dans trois mois. Les feuillent tombent et semblent nous inviter à nous poser un peu aussi. Il est l’heure des dernières récoltes du jardin, il est le temps des champignons, il est le temps de ramasser noix et noisettes. Tout au plus quelques bonbons pour Halloween, mais rien de signifiant.
Sauf que… sauf qu’en Haute-Loire, l’hiver arrive tôt ! Très tôt même ! Il n’est pas impossible de voir la neige tomber en quantité, et ce dès la fin octobre. Et là, les commerçants sortent l’artillerie lourde ! Charcuteries et raclette ! Mon dieu mais ça n’en finit donc jamais !?
Comment voulez-vous que nos faibles esprits de pécheurs résistent à cette écrasante masse de fromage fondu ? Cette fameuse raclette trop salée appelle aussitôt le vin, puis les digestifs, nous traînant par le bout de la pense vers ces ignobles fêtes de Noël, perpétuant ainsi le grand cycle de la gastronomie française ! Inspiré des saisons, du commerce agressif, et d’un calendrier chrétien nous obligeant au péché de gourmandise…
En écrivant ces lignes je me dis qu’il serait bon de songer à diminuer cette consommation parfois excessive.
Enfin là j’ai pas le temps, j’ai galette !