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Publié le 04/10/2023 - 8 minutes de lecture
Comme tu le sais, chez Bonjour Marcel, on aime bien débusquer des initiatives originales. Marcel aime les mots, la musique, les émotions, la poésie… Bref, Marcel a décidé de mettre en avant cette nouvelle initiative littéraire de l’association Jazz en Velay : un atelier d’écriture, en partenariat avec la bibliothèque du Puy-en-Velay et… Bonjour Marcel !
Dans le cadre de son 12e festival Automne Jazz en Velay, Jazz en Velay a invité l’écrivain journaliste Laurent Brun pour animer un atelier d’écriture autour de la musique. Les participants se sont retrouvés samedi 30 septembre à la bibliothèque du Puy-en-Velay pour écrire des mots sur des émotions musicales en écoutant un disque de Rhoda Scott, invitée d’honneur du festival… Voici leurs écrits en exclusivité sur Bonjour Marcel…
Quand la musique inspire les mots : les écrits de l’atelier de Jazz en Velay
Croche-toi à la locomotive
Pour un groove en déjeuner de lièvre
Retire cette verrue dans ton œil énervé
Ronfle la danse
Pieds et pas liés
La piste est une rivière de sons et de verre
Le popotin rieur, accroche à la veilleuse un rêve
Elis l’erreur comme vertu
Et non pas comme revue velue
Relis à profusion, vieillis à foison
Pour mieux respirer, j’accroche à la veilleuse un rêve
Comme une petite musique en soi
Pour mieux me souvenir
Faire danser les réprimandes, retirer cette verrue à mon œil énervé ?
Je préfère l’argile des paroles, même balbutiantes, aux relations désolées
Je suis pieds et pas liés à la danse, vaste rivière de sons et de verre
Je vieillis à foison, élisant l’erreur comme vertu
Je passe en revue mes lectures à profusion
Les odeurs se rassemblent
Restera à jamais le ronflement d’un groove en déjeuner de lièvre
Laurent Brun
Dans l’univers crépusculaire des araignées toquées, ma gerbille à bulle tentait de s’accrocher à l’argile de mes paroles pour garder le rythme…. Tout en admirant mon popotin rieur.
Perdu dans son changement d’orgue, elle m’entendait tenter de répondre à mes interrogations scélérates.
Elle perdait le tempo et pensait à notre amour émietté…
Voyant qu’elle perdait pied, tout en me tournant, je lâchais du regard mon cahier périmé, et lui murmurait un « croche-toi à la locomotive !»
Notre échange lui permit de renouer notre marche-dialogue et de continuer à manger la partition.
Nous profitions de ce pli de chance pour penser au sport à venir et ne comptions plus sur notre paresse de peau pour profiter de l’azur des accroches du chaos sans commettre les mêmes fausses notes.
Rodolphe Crespin
Allongée sur la plage, j’entends la partition du roulement des vagues.
Le sable tremble autour de moi, je tombe.
L’octopus est en route et il m’entraîne dans son roulement de jambes.
Danse de la joie ou guerre imminente.
Mes jambes se réveillent.
La passion du bleu me donne une énergie percutante.
J’avais rendez-vous avec la mer.
On ne sait jusqu’où …
se laisser aller à la déambulation.
Mes jambes se réveillent et l’élan ne fait pas marche arrière.
Je vais donc de l’avant !!!
Je percute mes deuils à effeuiller.
K.O. couché.
Pour changer les idées du vent qui coule d’ennui, je m’improvise musicien-danseur.
Une trompette manucurée en La, un roulement de jambes et me voilà !
Plein de bras et de jambes : l’octopus est en route.
Sylvette Cuoq
L’enfant est devenu adulte. Savez-vous comment
Tout simplement. Il a fait danser les réprimandes, contemplé la lumière interdite et joué son émancipation sur un clavier. L’enchaînement de ses notes fait référence aux sons des années 70, envoutants, transgressants.
Au fil des rencontres, il a fait chanter sa vie, embrassé, osé.
Bien entendu, il est tombé, mais, chaque fois, il s’est relevé, grâce à cette petite musique en lui, ce petit « Osez Joséphine ».
Ce cliquetis de vie l’a fait repartir, cette petite musique de nuit, petite musique de vie.
Sortir rincé, lessivé, de cette épreuve lui avait permis de faire sécher sa vie au vent des peupliers, puis de s’en revêtir de nouveau, en se disant que cette fois, c’était décidé, il allait être bien dans sa vie, bien dans son corps et avancerait à son rythme.
C’était sans compter sur sa passion du clavier, de ces sonorités envoutantes des années 70, sur la frénésie de l’enchaînement des notes.
Au fil des nouvelles rencontres, il fit chanter sa vie, dansa, transgressa, un peu comme si l’ocre brun avait déjà chassé la lumière.
Pourtant, dans son esprit subsistait une petite musique, une petite musique de nuit, une petite musique de vie, sur laquelle il pouvait chanter « Osez ! » comme on chante « Osez Joséphine ».
Mais oser quoi ?
Oser se remettre à l’heure heureuse.
Sophie Couder Battelier
Dans l’univers crépusculaire, mes doigts se lovent dans le cuivre et je me trémousse tout en m’imprégnant des pulsions de la batterie.
Le lointain est doré comme un grain de blé, je l’arrache au pinceau. Je porte la rupture des relations désolées des océans de la terre.
Parfois l’art fait la moue car l’improvisation peut résister, quelle déconvenue !
A ce moment-là, une voix me susurre :
« Jamais l’élan ne fait marche arrière si l’ocre brun a chassé la lumière. »
Quelle harmonie dans ces mots…. Et je balbutie comme une évidence :
« Tu dois te remettre à l’heure heureuse. »
Martine Besson
Je veux bouger mais il faut de l’énergie, de la motivation…
C’est cela qu’on entend… Comme si c’était un réveil difficile.
En effet, c’est peut-être difficile mais c’est pour ça qu’il existe des moments de bonheur : Faire du sport, courir, aller en randonnée nous permet déjà bouger.
Sortir rincé(es)…
Oui, c’est possible car on a entendu dire que les fleuves charrient les morts vers la mer, que le lointain est doré qu’il est possible de mettre la tristesse au grenier.
Ça, c’est avoir de la motivation, être décidé(es), croire qu’un changement positif est possible surtout si on écoute de la musique, les instruments et les rythmes, qui nous font bouger et nous procurent l’énergie et le bonheur.
Après l’eau vient le bain de soleil.
Voilà comment on peut sortir rincé(es) de l’Allier quand il fait beau.
Martin Becerril
Fondre d’énergie, se couler au cœur du rythme…
Les sisters swing rebondissent, leurs solos sont une invite à la danse
Le souffle des baguettes explose de vie
Les cuivres multicolores font des pieds de nez aux Blues Brothers lunaires
Qui piaffent d’impatience en coulisses
Les vibrations de l’orgue nous offrent un blues qui revêt ses plus belles lunettes…
Timbrées !
L’apparente légèreté dans l’immobilité de l’air explose de vie
Voilà qu’un trésor mousse sinueux
Je me vousse
Les sisters swing rebondissent, je me coule au cœur du rythme
Leurs solos sont une invite à la danse
Rien que ce pas nu, tel un pied de nez aux blues brothers lunaires qui piaffent en coulisse
Parfois l’art fait la moue car l’improvisation peut résister
Mais rien ne peut empêcher les cuivres multicolores d’avancer vers le lointain doré
Ni l’orgue de vibrer son blues aux magnifiques lunettes timbrées
Florence Voir
Elle est prête à tout pour changer de vie et vivre libre. Bouger, c’est peut être difficile. Mais elle ne va pas laisser son impulsion inachevée, car jamais l’élan ne fait marche arrière.
Aussi, elle a laissé derrière elle le rythme réglé du « métro, boulot, dodo » ; l’ordinateur, les algorithmes, les sigles, logos et autres consignes ; le regard du chef qui veut toujours plus de rendement ; l’argile des paroles entendues au travail qui peuvent construire ou déconstruire.
Elle s’est installée loin de la ville, dans un coin charmant, évènement d’air et de parfums. Elle contemple cette symphonie de couleurs et elle écoute : elle écoute le silence, le chant de l’eau, les oiseaux, les vents dans les arbres.
Une énergie nouvelle vibre en elle. Elle a envie de danser, de chanter, de jouer de la musique. Elle est ivre de cette vie nouvelle.
Oui, vraiment, il existe des moments de bonheur.
N.G.
Marcel a été très heureux d’accompagner ce projet. Merci aux écrivains !
On se donne rendez-vous au prochain atelier d’écriture de Jazz en Velay ?