Publié le 09/04/2020 - 3 minutes de lecture

Chaque mois, je vous propose de découvrir l’origine et le sens de certaines expressions ou mots étranges encore courants dans notre vocabulaire. Arts de la table, commerce, justice, finance, architecture, monde animal, militaire et monde du jeu, autant d’univers qui ont forgé de nombreuses expressions, utilisées aujourd’hui de manière parfois totalement décalée de leur sens d’origine !

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Avril : « C’est pô juste ! » (1/2)

« Accusé, levez-vous ! », c’est bien ce qu’on aimerait entendre si notre bête noire du moment, le COVID-19, pouvait être sur la sellette ! Lui qui a semé la zizanie dans le monde entier, alors que c’est un pauvre pangolin qui a été cloué au pilori à sa place ! Mais notre virus n’est pas justiciable, et il ne nous reste plus qu’à nous tenir à carreau le temps que passe la tempête…

Etre sur la sellette

De même origine que la « selle » utilisée en équitation, le mot vient du latin sedere, « être assis, demeurer », qui a donné les mots asseoir, seoir (comme dans « établissement sis à l’adresse… ») et aussi assiette, comme on l’a vu dans la chronique de mars.
La sellette était un petit siège de bois, plutôt bas, sur lequel on forçait un accusé à s’asseoir lors de son procès. Subissant un flot de questions, l’accusé ne pouvait s’adosser et courbait mécaniquement le dos. Par mimétisme, être sur la sellette a fini par désigner la position, instable et inconfortable, de celui qui est « soumis au jugement d’autrui* ». Si l’usage de la sellette a disparu avec la Révolution, on assoit toujours les accusés, d’où l’expression « Paraître au banc des accusés ».

Semer la zizanie

Ah, l’une de mes expressions favorites, si je peux me permettre une petite assertion personnelle ! Une expression qui fait appel à des références et une philosophie des plus fines, jugez-en plutôt…

La zizanie dont il est question ici (et je ne parle pas du film de Claude Zidi avec DeFunès, n’en déplaise à Little Marcel) est une plante, dont le nom vient de zizania, en latin, lui-même issu du grec zizanion, et désigne… l’ivraie ! C’est une mauvaise herbe. Dans la Bible, l’Evangile selon Matthieu rapporte la parabole du semeur, dans laquelle Jésus raconte qu’un paysan avait semé son champ de blé. Mais dans la nuit, son ennemi vint y semer également de l’ivraie. Or, avant la moisson, il est très difficile de faire la différence entre les deux plants, et le semeur doit attendre que le blé germe en épi pour le séparer de l’ivraie, et le bon grain s’en trouve ainsi gâté par la toxicité (légère) de la plante envahissante. La parabole veut mettre en exergue que ceux qui sèment la zizanie, donc la mauvaise herbe dans les cœurs, seront jugés par Dieu au jour du Jugement Dernier, quand il triera les bonnes âmes des mauvaises graines. Ces même mauvaises graines sont disséminées par les esprits malfaisants qui empoisonnent l’existence…. Toute ressemblance avec un certain germe pathogène qui empoisonne la vie des humains depuis quelques mois serait purement fortuite !

 

Source : 

> Alain REY, 200 drôles d’expressions que l’on utilise tous les jours sans vraiment les connaître, 2015.

GOUPIL(e) LE BON MOT

Goupil(e) le bon mot a rédigé cet article.

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