- Cinéma
Publié le 18/02/2019 - 2 minutes de lecture
Après le pick-up de Clint Eastwood dans La Mule (voir chronique précédente), Green Book nous embarque à nouveau dans une voiture américaine pour tout un film. Hasard de la programmation ou preuve sur écrans de la consommation de l’équivalent de cinq planètes annuelles par les américains du nord. Là n’était pas le débat dans les trente qui n’ont de glorieuses que le nom : le gaspillage devient un mode de vie, alors que le combat essentiel de l’époque est dans la lutte des droits civiques.
Ce film se déroule en 1962, et joue de l’alliance assez classique entre deux improbables contraires : Tony Lip, un italo du bronx, peu raffiné, vaguement magouilleur, qui cogne avant de discuter, et le Dr. Don Shirley, un presque dandy noir, pianiste virtuose qui vit dans les étages du Carnegie Hall. Le premier est recruté pour conduire le second pour une tournée dans le sud des États-Unis, encore sous ségrégation raciale.
Dans ce sud-là, avant d’être un musicien reconnu et attendu sur des scènes de prestige, Don Shirley est un homme noir. Contrairement aux musiciens blancs qui l’accompagnent, il doit dormir dans des motels miteux, répertoriés dans le green book, sorte de guide des hébergements réservés aux colored people. Ils enchaînent les kilomètres les villes, les galères, dont il ne serait pas aimable de dévoiler la teneur.
Allez voir ce film pour la finesse des regards, des différences d’accents (privilégiez si possible la version originale), des doigts qui courent sur le piano. Et pour le propos. Il écrabouille tous les discours fascisants, pourvoyeurs de murs à construire et de bêtise xénophobe. Les différences des hommes entre eux sont plus subtiles qu’il n’y paraît, n’en déplaise au grossier Donald Trump.
Green Book : sur les routes du Sud, de Peter Fanelly, avec Viggo Mortensen et Mahershala Ali