Qui es-tu ?
Vaste question ! Je m’appelle Manouche Fournier, je suis musicien et conférencier à mes heures. J’ai d’abord joué de la trompette, puis je me suis focalisé sur la guitare – la technique du “slide” en particulier – et surtout le chant. Mon parcours universitaire et musical m’a amené à passer six années aux Etats-Unis qui ont été assez déterminantes pour moi, notamment mes séjours en Louisiane. J’y ai partagé mon temps entre l’enseignement, la musique et trois années de recherche dans le cadre d’une thèse sur l’identité noire américaine dans le blues et le jazz. De retour en France, je me suis principalement consacré à mon activité de musicien au sein du Zozophonic Orchestra puis de Junkyard Crew. Je présente également mon travail de chercheur sous la forme de conférences, comme récemment au Calibert (Mazet-St-Voy). C’est là que sont mes attaches familiales et j’y vis aujourd’hui.Pourquoi as-tu décidé de faire de la musique ton métier ?
Je ne suis pas issu d’une famille de musiciens, mais j’ai la sensation que la musique a toujours fait partie de ma vie. On en écoutait, bien sûr, mais j’ai aussi eu la chance d’avoir une école de musique dans mon village et d’aller régulièrement voir des concerts – notamment à Jazz à Vienne, ce qui a pas mal joué. Mais surtout j’ai toujours aimé l’aspect humain, social de la musique, le côté rassembleur. Le simple fait de jouer avec d’autres (que ce soit en concert ou autour d’une table avec les copains) est un bonheur qui ne s’est jamais démenti.
Quel est ton lieu préféré en Haute-Loire?
Le Riou ! Mais je ne suis pas objectif en ce qui concerne ce hameau familial… En réalité j’ai surtout un faible pour le plateau en général, le côté sauvage et les vieilles granges où j’ai organisé un festival pendant des années.Un livre, un film, qui t’ont marqués ?
Côté musique noire américaine, incontestablement le livre de LeRoi Jones (devenu Amiri Baraka), Blues People – le Peuple du Blues en français. Un chef-d’œuvre indispensable pour qui veut comprendre cette culture et les musiques qui la définissent : du blues à la funk en passant par le jazz, le tout préfigurant… le Hip Hop. Et puis pour le côté retour aux sources, Des grives aux loups et Les palombes ne passeront plus de Claude Michelet. Les bouleversements du 20ème siècle et leurs conséquences, vus d’un petit village de Corrèze à travers l’histoire de deux familles. Passionnant. Et puisqu’il faut en choisir un, je vais rester en France avec un film magnifique sur… le jazz : Autour de minuit (Round Midnight), de Bertrand Tavernier. L’histoire d’un saxophoniste afro-américain (joué par Dexter Gordon, excusez du peu) qui vit à Paris dans les années 1950 où il devient l’ami d’un dessinateur français — qui tente de l’aider à sortir de son alcoolisme. Une plongée magnifique dans cette communauté américaine de Paris et où toute la musique est jouée “live”.Tes sources d’inspiration ?
Elles sont nombreuses ! Pour la musique que je joue sur scène, la Louisiane joue un grand rôle, en particulier The Meters, les Mardi Gras Indians et tout ce qu’Allen Toussaint a produit… Mais la référence ultime est James Brown, sans conteste. Un demi-dieu à mes yeux ! Et à l’autre bout du spectre, si je ne devais en citer qu’un : Georges Brassens.Ton actualité musicale ?
Je viens de sortir un nouvel album avec Junkyard Crew. Un trio bien sûr inspiré par les musiques de Louisiane (fanfares, soul, blues, hip hop) : guitare slide & chant, sousaphone (les gros tubas de la Nouvelle-Orléans) et batterie…Mais le répertoire est original, en anglais mais aussi en français et en créole – un pied dans la tradition et l’autre dans la modernité !Ne manquez surtout pas ce super concert, le samedi 5 mars à 20h au Calibert au Mazet-Saint-Voy, première partie est assurée par le groupe Swing Road, membre de Jazz en Velay. Toutes les infos par ici.
